Camille

Par où commencer ? Par le début, me direz-vous !

Si vous avez envie de lire ceci, armez-vous de patience … ça sera (obligatoirement) long. 

Ce que je m’apprête à vous dire,  j’en ai parlé très peu depuis que c’est arrivé. J’ai été incapable, jusqu’à présent, d’en parler ouvertement sur Internet.

Oh, j’en ai bien parlé avec mes proches et mes amies plus intimes … mais même avec eux, je n’en ai pas parlé plus qu’il le faut. Aujourd’hui, je fais le grand saut !

J’ai besoin de le dire, j’ai besoin d’en parler, mais même en m’ouvrant et en me confiant à vous, j’ai besoin de garder certains détails pour moi. Je ne peux pas m’ouvrir complètement et entièrement. Tentez de comprendre que cela est difficile pour moi et que cela reste une épreuve à bien des égards. D’ailleurs, je ne me sens pas tout à fait prête de lire des histoires semblables à la notre …. j’imagine que ça viendra ! 😉

Voilà !

Il y a bientôt 1 an, j’ai mis au monde une petite fille que son papa a choisi d’appeler Camille. Camille la douce et la sensible… Camille notre précieux petit bébé. 

Au moment de la naissance, j’ai vécu plusieurs périodes d’angoisse … Cette angoisse ainsi que de longues heures de latence auront eu raison de mon accouchement naturel.  Camille est née à l’hôpital.

C’est seulement le lendemain matin de sa naissance que nos vies ont basculé, abruptement. Lors de l’auscultation de notre tout nouveau bébé, l’infirmière de garde a découvert un souffle au cœur. En fait, elle l’a indiqué aux externes et aux autres stagiaires qui auscultaient Camille.

Le pédiatre présent est venu confirmer le diagnostic, mais nous a tout de même rassurés en nous disant qu’il s’agissait probablement d’un petit souffle au cœur bénin, sans conséquence pour l’enfant.  Il se trompait !  On nous a dit par la suite qu’il arrive parfois qu’on n’entende pas bien le souffle (la gravité du souffle) dans les heures qui suivent la naissance.

Ce matin-là, Camille a passé un électrocardiogramme puis on nous a convoqués à la salle d’échographie cardiaque pour qu’elle soit examinée. Comme je pensais qu’il s’agissait d’un test de routine, j’y suis allée seule avec mon bébé.  Dès que je suis arrivée sur l’étage de pédiatrie, j’ai senti mon cœur se serrer dans ma poitrine. Je trouvais ça bouleversant de passer si près des enfants malades … Je devais regarder tout droit, car j’en avais les larmes aux yeux …  Je ne le savais pas à ce moment, mais j’aurai à repasser dans ce même corridor des dizaines de fois par la suite et toujours ressentir ce resserrement dans la gorge à chaque fois.

Au bout du couloir, on nous attend. Outre le fait que je suis attristée de voir des enfants malades et des parents anxieux, je suis plutôt amusée du fait que je dois me promener en vieille poussette marine dans les couloirs de l’hôpital. 

J’entre dans la salle d’échographie, je place Camille sur le lit et la technicienne commence son examen. Comme d’habitude, je pose tout plein de questions, je suis très intéressée à comprendre les images que l’on voit à l’échographie. Je discute bien naïvement avec la technicienne et je me permets même de lui faire le commentaire suivant : Ouf, ça doit donc bien être difficile d’annoncer des mauvaises nouvelles aux parents, hein ? Mon doux que ça ne doit pas être facile de trouver les bons mots !

L’échographie dure une trentaine de minutes. La technicienne me dit que le médecin viendra examiner Camille également. Le médecin entre, regarde les images déjà prises et prend la sonde et regarde « en direct » le petit cœur de Camille. Il parle enfin !

– « Oui, oui, c’est bien ça ! Un cas rose ! On ne pouvait pas s’en douter, hein ? Elle a l’air tout à fait « normal » ! Elle est atteinte d’une malformation cardiaque très courante …

Mon cœur s’est glacé en entendant ces paroles. Je me rappelle avoir eu besoin de m’assoir … Je voulais m’enfuir ! Je voulais n’être jamais descendue à l’étage inférieur …

J’ai demandé …  « Mais, elle n’aura pas besoin de se faire opérer, là ?

– « Oh oui ! Bien sûr ! Elle devra être opérée à cœur ouvert avant l’âge d’un an ! ».

 À ce moment, précisément,  j’ai eu l’impression que mon cœur s’était arrêté de battre. Je me rappelle de la douleur, aigüe, dans la poitrine. J’aurais voulu hurler … Il aurait été normal que je pleure ? Rien, j’étais figée, glacée !

Une image d’horreur s’est installée quelques secondes dans ma tête … j’aurais préféré donner mon bébé plutôt que d’avoir à vivre ça … c’était donc bien douloureux ! Je ne voulais pas vivre ça ! Au passage, j’aurais même donné Malou, en parfaite santé, juste au cas où un jour on devrait m’apprendre quelque chose qui m’aurait fait aussi mal !

Le médecin m’a demandé de le suivre dans son bureau pour m’expliquer plus clairement et plus en détail ce qui se passait avec mon bébé. Tout en parlant, il dessinait et écrivait sur une feuille explicative destinée aux parents.  J’étais attentive, pourtant je ne l’écoutais qu’à moitié. Je ne pouvais croire ce qui se passait ! Il m’a rassuré en me disant que c’était un « beau » cas … Un cas « rose » comme il m’avait dit dans la salle d’échographie.  Rose ou pas, je vivais l’horreur !  Il m’a demandé si j’avais besoin d’être raccompagnée à ma chambre … Il a dit : « Vous êtes certaine que vous pouvez vous déplacer à pied, vous venez d’accoucher ! ».

Je me rappelle de ses paroles, car je trouvais soudainement que tout ce que je venais de vivre à l’accouchement était si loin … presque un vieux souvenir. Même si j’étais en état de choc, je n’avais aucunement besoin d’aide ! J’étais bien solide sur mes deux jambes. J’ai donc fait le chemin à l’envers puis je me suis dirigée vers notre chambre. J’appréhendais déjà d’avoir à annoncer tout ça à Laurent.

Lorsque je suis entrée dans la chambre, il m’a demandé si « ça allait ». Je lui ai dit que j’avais une bien mauvaise nouvelle à lui apprendre. Je lui ai expliqué ce qu’on m’avait expliqué concernant la malformation de Camille et sur son éventuelle opération. Sur le coup, il m’a dit quelque chose comme: « C’est pas vrai ? T’es pas sérieuse, là ? ». Puis il est venu plus émotif.

Nous n’avons pas vécu l’annonce de la malformation de la même façon. Il va sans dire que je suis plutôt la personne émotive dans notre couple ! Pourtant, Laurent était plus émotif que moi dans les premiers instants. Il avait l’air d’avoir déjà encaissé le coup et vivait sa peine.  Moi, j’étais encore figée, comme un glaçon ! 

Nous avons quitté pour la maison le jour même après avoir discuté avec la cardiologue pédiatre de Camille. Elle nous a assuré que Camille allait bien pour le moment et qu’il n’avait aucun danger pour elle. Elle nous a donné rendez-vous pour commencer le suivi de Camille quelques jours plus tard (Camille sera suivie jusqu’à l’âge adulte), puis nous avons eu notre congé.

De retour à la maison, je suis triste et je pleure souvent. À tout  moment de la journée, j’ai le cœur gros et je verse des larmes lorsque j’allaite Camille. J’essais de me faire à l’idée, mais ça prendra plus de temps que ça ….

Au bout d’environ 2-3 semaines, ça va mieux. J’ai les bras bien occupés, car Maëlle reste à la maison avec moi et je dois la surveiller constamment lorsqu’elle est près de sa petite sœur ! Donc, j’ai peu de temps pour moi et peu de temps pour réfléchir à tout cela. Et, c’est mieux ainsi.

Par contre, j’ai vécu beaucoup d’émotions contradictoires dans les premières semaines. J’aime mon bébé plus que tout, mais je suis fâchée contre elle, car elle me rend si inquiète ! Inquiète de sa santé, inquiète de ses chances de « survie », inquiète de réussir à être une famille heureuse et épanouie, dorénavant …  Inquiète d’avoir à faire le deuil d’avoir un 3e enfant.

Pour mal faire, Camille se révèle être un bébé qui demande beaucoup ! Elle aime être dans les bras de maman et très souvent au sein. On sent son tempérament « un peu princesse » très rapidement.  😛

Malgré cela, je la regarde grandir et je suis forcée d’admettre qu’elle a « vraiment » l’air de bien aller ! Elle suit sa courbe, se développe normalement et elle est même parfois en avance sur d’autres bébés de son âge ! Mon cœur s’allège et j’oublie peu à peu mes inquiétudes face à son état de santé.

Je ne cherche pas à me documenter plus qu’il ne le faut au sujet de sa malformation. Notre cardiologue-pédiatre nous (me) connait déjà très bien, car elle ne donne que les informations nécessaires. On nous donne un petit livret explicatif concernant les maladies cardiaques, mais je ne me sens pas prête à le feuilleter. Ça sera pour plus tard !

Camille grandit en beauté et elle nous rend heureux et fiers d’elle !  Mais,  elle attrape quelques petits virus par-ci, par-là au courant de l’automne et de l’hiver. Apparemment, c’est souvent le cas au 2e enfant, on me dit de ne pas m’inquiéter outre mesure. Hé que cela ne me parait pas SI simple !

À l’aube de ses un an Camille dit quelques mots, marche déjà depuis ses 10 mois et elle est de plus conciliante. Il est certain que nous sommes confiants pour l’opération,  malgré tout cela nous chagrine de voir qu’elle aura à subir une opération si importante, car elle nous paraît en pleine santé pour l’instant !  En effet, le chirurgien nous a confirmé qu’il est plus difficile de laisser aller un enfant qui a très peu de symptômes, car les parents ne voient pas l’urgence ou même la nécessité de faire l’opération.

Alors voilà ! Souhaitez-nous bonne chance ! Pensez très fort à nous. Nous prenons tout ce que vous avez :  vos bonnes ondes,  vos ++++, vos meilleures pensées et même vos prières.  Xx

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